édito
L’accès aux soins de premier recours, notamment un médecin généraliste, médecin traitant, s’est considérablement dégradé en France depuis 10 ans.
C’est à ce jour près de 44 millions de personnes qui vivent dans des territoires déficitaires, c’est plus de 66% de la population française.
Aucune région n’est épargnée. A titre d’exemple, en région Ile de France, ce sont près de 96% des franciliens qui résident dans des territoires sous-denses. 7,6 millions en zones prioritaires et 4,1 millions de plus en zones fragiles complémentaires. La grande couronne et la Seine Saint Denis sont dans une situation dramatique.
En région Centre Val de Loire autre exemple ce sont 85% des habitants qui sont concernés par des difficultés quotidiennes à se faire soigner alors que près de 25% de la population souffre de maladies chroniques.
La totalité des départements et régions d’outre mer sont en tout ou partie considérés en situation prioritaire.
Et ce n’est pas fini. La démographie médicale va encore s’affaisser jusqu’en 2030 et nous ne récupèrerons la densité médicale de 2010 que vers 2050.
Cette situation est le fruit de choix politiques néfastes, répétés depuis 50 ans, de luttes corporatistes, de volontés de maitrise strictement comptables des dépenses de sécurité sociale. Elle témoigne de l’ignorance délibérée par les organisations professionnelles et les institutions qui nous gouvernent, de la transition épidémiologique qui s’impose à notre système de santé ambulatoire resté figé sur un modèle désuet, vieux de plus de 100 ans et totalement inadapté aux besoins d’une population en croissance et vieillissante, souffrant de pathologies chroniques, sociétales et environnementales. Cette situation exigeait depuis 50 ans une profonde évolution de notre système de santé ambulatoire. Il n’en a rien été.
Une pratique professionnelle modernisée dans le cadre d’un exercice salarié, garantissant qualité et sécurité des soins aux usagers s’impose chaque jour encore plus comme une évidence. C’est le Centre de Santé. Il permet de regrouper, dans un exercice coordonné, selon les besoins, les professions médicales, paramédicales, les nouveaux métiers de la santé, de développer des coopérations avec tous les acteurs de leur territoire, de participer avec ces derniers au suivi de toute la population qui y vit. De plus, il propose aux professionnels de santé, par un temps de travail maitrisé, un exercice qui préserve la vie privée de chacun. C’est l’attente de beaucoup de professionnels de santé.
Face à l’absence d’une dynamique politique portée par l’Etat, les élus locaux, poussés par les habitants et un nombre croissant de professionnels désemparés, cherchent toutes les pistes possibles. Le Centre de Santé en est une, pertinente, efficace. En témoigne le nombre de centres de santé médicaux et pluriprofessionnels créés depuis 5 ans.
Les fausses solutions de contraintes, sous quelque forme que ce soit, n’apporteront pas de réponse à court ou moyen terme mais provoqueront des conflits entre des populations avec leurs élus, victimes de cette situation et des médecins présentés comme seuls coupables. Mais surtout ces solutions simpliste ne sont qu’un rideau de fumé masquant l’entière responsabilité de l’Etat.
La Fédération Nationale des Centres de Santé, l’Union Syndicale des Médecins de Centres de Santé et le Syndicat National des Chirurgiens-Dentistes des Centres de Santé ont tous à leurs niveaux été sollicités par des élus, des habitants et des professionnels pour les accompagner dans la mise en place de cette réponse : le Centre de Santé. Elle est la seule qui permette d’apporter une réponse locale décidée par les acteurs et ne s’appuyant pas sur la seule bonne volonté de professionnels de santé.
Ils ont créés à cette fin un outil d’aide à la maitrise d’ouvrage pour les porteurs de projets : la Fabrique des Centres de Santé.
La modernisation du système de santé ambulatoire à laquelle nous voulons contribuer passe par la création d’un réseau national de centres de santé.
A ces centres peuvent s’adosser des antennes permettant de rapprocher les équipes de soins primaires des populations isolées et maintenir les populations âgées dans leur lieu de vie, à leur domicile.
Cette modernisation du système de santé ambulatoire est portée par les quelques 2 500 centres de santé existants en France en 2021.
La Fabrique des Centres de Santé prend toute sa place dans cette vrai « Révolution de l’ambulatoire ».